Galerie de portraits

Jean Alazar

Au Domaine de Méjanes, au bout d’un chemin, il y a une petite maison blanche, entourée de roses et d’aubépines sauvages. C’est là que Jean Alazar a vécu 23 ans. Une plaque à son nom est clouée au dessus de la porte de l’écurie, attenante à la maison. Le hennissement de ses chevaux, son sourire et son rire habiteront longtemps sa "petite maison au bout du chemin". Voici l’histoire de ce personnage que nous regrettons tant.

En 1976, Jean Alazar est boulanger à Aigues Mortes. Il est passionné de chevaux aussi. En juillet, il assiste à la Feria du Cheval de Méjanes, à la reprise des écuyers du Cadre Noir de Saumur et à la présentation en solo du cavalier Carlos Pinto. La démonstration du cavalier olympique portugais et époustouflante et à sa sortie de piste, tout le monde le questionne, veut apprendre à ses côtés,…

C’est ainsi que Jean Alazar laisse sa boulangerie d’Aigues-Mortes et part retrouver Carlos Pinto dans ses écuries au Portugal pour apprendre avec lui cinq années durant. Au souvenir de cette période là, Carlos évoque l’admiration qu’il a pour la passion et la volonté de Jean d’apprendre, de progresser, de comprendre. Jean accompagne Carlos lorsqu’il monte chez le Maitre Nuno Oliveira et assiste aux séances. L’immersion est totale, les progrès fulgurants.

Après ces cinq années d’apprentissage intense, Jean Alazar rentre en France et s'installe au Mas de Badet chez Monsieur Malatier pour lequel il débourre tous les poulains de l'élevage pendant 8 ans. Sa clientèle devenant plus importante avec de nombreux chevaux qui lui sont confiés, Jean Alazar s’installe dans une écurie plus grande, il occupe alors les écuries du Mas de Dard.

C’est là qu’il rencontre Eugène et Xavier Guillot - dont le papa, à l’époque, est régisseur du Domaine de Méjanes – qui lui apportent une jument au dressage.

Les trois hommes sympathisent vite et c’est ainsi que Jean Alazar a l’opportunité de s’installer avec ses chevaux dans les écuries de Méjanes le 12 juillet 1992.

La cavalière d’endurance, Cécile Miletto, apporte à Jean son cheval Dynamic, pour qu’il l’aide à la préparation du championnat du monde. Elle décroche la médaille d’or !

Le cheval est ensuite vendu au Cheik Mohamed Al Maktoum, émir de Dubaï. C’est ainsi que Jean voyage aux Émirats… et reçoit à Méjanes le jeune Cheik de l’Émirat d’Ashman. On peut voir les deux passionnés, de mondes tout à fait différents, parler chevaux au bord de la roubine…

Plus tard, c’est une autre rencontre inattendue qui marquera la destinée équestre de Jean Alazar. Monsieur Xavier Marie (futur créateur du Haras de Hus) sympathise avec Jean et lui confie la sélection et l’achat de sa cavalerie allemande. Jean se retrouve alors à participer d’une certaine façon à la création du célèbre Haras.

Les allers retours sont fréquents entre Méjanes et Nantes, où Jean retrouve Kevin Staut, cavalier vedette du Haras pour la préparation de sa jument « Sylvana ». Jean est si enthousiaste à l’égard de Sylvana, qu’à l’époque où elle est encore jeune et peu connue, il répète à qui veut bien l’entendre, qu’il s’agit de la plus belle et de la meilleure jument du monde !

Jean parle souvent à Kevin de « sa petite maison au bout du chemin ». Un jour, Après avoir gagné le Concours de Saut International de Montpellier, Kevin Staut débarque à Méjanes pour passer la soirée avec Jean au Mazet du Vaccarès. Pénélope Le Prévost et d’autres amis cavaliers les accompagnent.

Par la suite, Jean Alazar rencontre d’autres grands noms du saut d’obstacles français comme Michel Robert, Patrice Delaveau…

Tous tombent sous le charme, comme nous, de l’Homme chaleureux, désintéressé, libre, courageux, talentueux, qu’il est.

A Méjanes, entouré de sa compagne Françoise, de ses chevaux, de ses chiens, de ses chats, des poules, des coqs, des poussins, de sa mésange carbonière apprivoisée… il reçoit ses amis passionnés comme lui, pour des séances de dressage, pour des repas et des moments simples mais si remplis de chaleur humaine, d’amitié et de sincérité. Tant de rires et de convivialité ont habité ces écuries et sa petite maison.

Méjanes était pour Jean Alazar, son refuge, son nirvana. Le « mécano », le « cavalier magicien » est parti trop tôt… mais reste à jamais l’un des grands personnages de l’Histoire du Domaine de Méjanes.

Un grand merci à Françoise, la compagne de Jean, pour son aide précieuse à ce récit…